lunedì 10 ottobre 2016

Noi uomini moderni fluttuiamo: Padre Mauro e Paul Claudel


Un'amica mi ha chiesto di poter leggere il testo dell'intervento di settimana scorsa di Padre Mauro a Lugano.
Tutti i testi di suoi interventi si trovano sul sito dell'Ordine Cistercense: www.ocist.org.
il testo completo si trova qui: 
http://www.ocist.org/ocist/images/pdf/ITConferenzaKievLugano.pdf

Paul Claudel ha creato un'immagine veramente profetica della nostra situazione; in effetti Padre Mauro ci ha descritti con una precisione che può solo destare ammirazione.

In Claudel è all'inizio della Prima Giornata della Scarpina di Raso:











L'ANNONCIER Fixons, je vous prie, mes frères, les yeux sur ce point de l'Océan Atlantique qui est à quelques degrés au-dessous de la Ligne à égale distance de l'Ancien et du Nouveau Continent.
On a parfaitement bien représenté ici l'épave d'un navire démâté qui flotte au gré des courants. Toutes les grandes constellations de l'un et de l'autre hémisphère, la Grande Ourse, la Petite Ourse, Cassiopée, Orion, la Croix du Sud, sont suspendues en bon ordre comme d'énormes girandoles et comme de gigantesques panoplies autour du ciel.
Je pourrais les toucher avec ma canne.
Autour du ciel.
Et ici-bas un peintre qui voudrait représenter l'œuvre des pirates des Anglais probablement, sur ce pauvre bâtiment espagnol, aurait précisément l'idée de ce mât, avec ses vergues et ses agrès, tombé tout au travers du pont, de ces canons culbutés, de ces écoutilles ouvertes, de ces grandes taches de sang et de ces cadavres partout, spécialement de ce groupe de religieuses écroulées l'une sur l'autre.
Au tronçon du grand mât est attaché un PÈRE JÉSUITE, comme vous voyez, extrêmement grand et maigre. La soutane déchirée laisse voir l'épaule nue.
Le voici qui parle comme il suit
Seigneur, je vous remercie de m'avoir ainsi attaché.
Mais c'est lui qui va parler.
Ecoutez bien, ne toussez pas et essayez de comprendre un peu.
C'est ce que vous ne comprendrez pas qui est le plus beau, c'est ce qui est le plus long qui est le plus intéressant et c'est ce que vous ne trouvez pas amusant qui est le plus drôle.
(Sort l'annoncier.)

LE PÈRE JÉSUITE Seigneur, je vous remercie de m'avoir ainsi attaché
Et parfois il m'est arrivé de trouver vos commandements pénibles
Et ma volonté en présence de votre règle Perplexe, rétive.
Mais aujourd'hui il n'y a pas moyen d'être plus serré à Vous que je ne le suis et j'ai beau vérifier chacun de mes membres, il n'y en a plus un seul qui de Vous soit capable de s'écarter si peu.
Et c'est vrai que je suis attaché à la croix, mais la croix où je suis n'est plus attachée à rien. Elle flotte sur la mer.
La mer libre à ce point où la limite du ciel connu s'efface
Et qui est à égale distance de ce monde ancien que j'ai quitté
Et de l'autre nouveau. Tout a expiré autour de moi, tout a été consommé sur cet étroit autel qu'encombrent les corps de mes sœurs l'une sur l'autre, la vendange sans doute ne pouvait se faire sans désordre,
Mais tout, après un peu de mouvement, est rentré dans la grande paix paternelle.
Et si je me croyais abandonné, je n'ai qu'à attendre le retour de cette puissance immanquable sous moi qui me reprend et me remonte avec elle comme si pour un moment je ne faisais plus qu'un avec le réjouissement de l'abîme,
Cette vague, voici bientôt la dernière pour m'emporter.
Je prends, je me sers de toute cette œuvre indivisible que Dieu a faite toute à la fois et à laquelle je suis étroitement amalgamé à l'intérieur de Sa sainte volonté, ayant renoncé la mienne.
De ce passé dont avec l'avenir est faite une seule étoffe indéchirable,
De cette mer qui a été mise à ma disposition,
Du souffle que je ressens tour à tour avec sa cessation sur ma face, de ces deux mondes amis, et là-haut dans le ciel de ces grandes constellations incontestables,
Pour bénir cette terre que mon cœur devinait là-bas dans la nuit, tant désirée
Que la bénédiction sur elle soit celle d'Abel le pasteur au milieu de ses fleuves et de ses forêts !
Que la guerre et la dissension l'épargnent !
Que l'Islam ne souille point ses rives, et cette peste encore pire qu'est l'hérésie !
Je me suis donné à Dieu et maintenant le jour du repos et de la détente est venu et je puis me confier à ces liens qui m'attachent.
On parle d'un sacrifice quand à chaque choix à faire il ne s'agit que de ce mouvement presque imperceptible comme de la main.
C'est le mal seul à dire vrai qui exige un effort, puisqu'il est contre la réalité, se disjoindre à ces grandes forces continues qui de toutes parts nous adoptent et nous engagent.
Et maintenant voici la dernière oraison de cette messe que mêlé déjà à la mort je célèbre par le moyen de moi-même
Mon Dieu, je Vous prie pour mon frère Rodrigue
Mon Dieu, je Vous supplie pour mon fils Rodrigue  
Je n'ai pas d'autre enfant, ô mon Dieu, et lui sait bien qu'il n'aura pas d'autre frère.
Vous le voyez qui d'abord s'était engagé sur mes pas sous l'étendard qui porte Votre monogramme, et maintenant sans doute parce qu'il a quitté Votre noviciat il se figure qu'il Vous tourne le dos,
Son affaire à ce qu'il imagine n'étant pas d'attendre, mais de conquérir et de posséder
Ce qu'il peut, comme s'il y avait rien qui ne Vous appartînt et comme s'il pouvait être ailleurs que là où vous êtes.
Mais, Seigneur, il n'est pas si facile de Vous échapper, et s'il ne va pas à Vous par ce qu'il a de clair, qu'il y aille par ce qu'il a d'obscur et par ce qu'il a de direct, qu'il y aille par ce qu'il a d’indirect ; et par ce qu'il a de simple,
Qu'il y aille par ce qu'il a en lui de nombreux, et de laborieux et d'entremêlé,
Et s'il désire le mal, que ce soit un tel mal qu'il ne soit compatible qu'avec le bien,
Et s'il désire le désordre, un tel désordre qu'il implique l'ébranlement et la fissure de ces murailles autour de lui qui lui barraient le salut,
Je dis à lui et à cette multitude avec lui qu'il implique obscurément.
Car il est de ceux-là qui ne peuvent se sauver qu'en sauvant toute cette masse qui prend leur forme derrière eux.
Et déjà Vous lui avez appris le désir, mais il ne se doute pas encore ce que c'est que d'être désiré.
Apprenez-lui que Vous n'êtes pas le seul à pouvoir être absent !
Liez-le par le poids de cet autre être sans lui si beau qui l'appelle à travers l'intervalle !
Faites de lui un homme blessé parce qu'une fois en cette vie il a vu la figure d'un ange !
Remplissez ces amants d'un tel désir qu'il implique à l'exclusion de leur présence dans le hasard journalier.
L'intégrité primitive et leur essence même telle que Dieu les a conçus autrefois dans un rapport inextinguible
Et ce qu'il essayera de dire misérablement sur la terre, je suis là pour le traduire dans le Ciel.
L’ARALDO Vi prego fratelli miei, fissiamo il nostro sguardo su questo punto dell’Oceano Atlantico che si trova alcuni gradi sotto la Linea [dell'equatore], a uguale distanza fra l’Antico e il Nuovo Continente.
Con che maestria hanno saputo rappresentare il relitto di un vascello disalberato mentre fluttua secondo il capriccio delle correnti.
Le grandi costellazioni dei due emisferi, l’Orsa Maggiore, l’Orsa Minore, Cassiopea, Orione, la Croce del Sud sono sospese ordinatamente nel cielo come enormi girandole o come scudi araldici.
Potrei toccarle con il mio bastone.
Tutt’intorno al cielo.
E se un pittore avesse voluto ritrarre lo scempio dei pirati inglesi su questo bastimento spagnolo, probabilmente non avrebbe immaginato altro che questo albero maestro, caduto di traverso al ponte con tutti i suoi pennoni e le sue sartie, questi cannoni rovesciati e questi boccaporti aperti, queste grandi macchie di sangue e cadaveri ovunque, specialmente quel gruppo di religiose, cadute l’una sull’altra.
Al troncone dell’albero maestro è legato, come vedete, un PADRE GESUITA, altissimo e magrissimo. La sua sottana è strappata e lascia vedere la spalla nuda.
Ed eccolo che parla, come si dirà in seguito
Signore, ti ringrazio di avermi in questo modo avvinto.
Ma sarà lui stesso a parlare.
Ascoltate bene, non tossite e cercate di capire almeno un pochino.
Ed è quello che non capirete che sarà la vera bellezza, quello che sarà più lungo sarà davvero interessante e quello che non troverete divertente  sarà la parte più comica.
(Exit l’araldo)

IL PADRE GESUITA Signore, ti ringrazio di avermi in questo modo avvinto
Anche se a volte ho trovato penosi i tuoi comandamenti
E la mia volontà era perplessa e ribelle alle Tue regole.
Ma oggi non ci sarebbe modo di essere più stretto a Te di quanto non lo sia, e per quanto tenti di scostare uno ad uno le mie membra, non ce n’è uno solo che possa distaccarsi anche solo per un poco.
Ed è pur vero che sono attaccato alla croce, ma la croce su cui sono non è più attaccata a niente. Fluttua sul mare.
In quel punto del mare dove scompare il limite del cielo conosciuto
Quello che si trova ad uguale distanza dal mondo antico che ho lasciato
E da quello nuovo. Tutto è spirato intorno a me, tutto è stato consumato su questo stretto altare ingombro dei corpi accatastati delle mie sorelle, perché è chiaro che la vendemmia non poteva essere fatta senza disordine.
Ma dopo solo un po’ di movimento tutto è rientrato nella grande pace paterna.
E se dovessi pensare di essere stato abbandonato, basta che aspetti il momento in cui la potenza immancabilmente mi riprende da sotto e mi innalza con sé, come se per un momento fossi tutt’uno con l’esultanza dell’abisso.
Ecco che sta per venire l’ultima onda, quella che mi porterà via.
Afferro e mi servo di tutta quest’opera indivisibilmente e tutta insieme fatta da Dio, alla quale sono strettamente amalgamato dentro la Sua santa volontà, perché alla mia ho rinunciato.
Questa stoffa inconsutile fatta del passato e dell’avvenire,
Questo mare che è stato messo tutto a mia disposizione,
Questo soffio che percepisco sul mio volto fra un suo cessare e l’altro, questi due mondi amici e lassù nel cielo queste grandi costellazioni incontestabili,
Sono per benedire quella terra che il mio cuore supponeva laggiù nella notte, intuiva con il desiderio
Che la benedizione di Abele il pastore scenda su di lei, sui suoi fiumi e le sue foreste!
Che la guerra e il dissenso la risparmino!
Che l’Islam non ne insudici le rive, né l’eresia, che è una peste ancor peggiore!
Mi sono consegnato a Dio e adesso verrà il giorno in cui potrò riposare e distendermi affidandomi ai legami con cui sono avvinto.
Bisogna parlare di sacrificio ogni volta che occorre scegliere anche solo di muovere quasi impercettibilmente la mano.
Perché in fondo solo il male necessita uno sforzo, dal momento che è contro la realtà, ci fa separare da queste costanti e immense forze che da tutte le parti ci prendono e lottano con noi.
Ed ora ecco l’ultima orazione della messa che celebro già frammisto alla morte attraverso me stesso
Mio Dio, Ti prego per mio fratello
Rodrigo
Mio Dio, Ti prego per mio figlio
Rodrigo
Non ho altri figli che lui, o mio Dio, e lui sa bene che non avrà altri fratelli.
Vedi come all’inizio ha seguito i miei passi all’ombra del Tuo monogramma, e come adesso s’immagina di averti voltato le spalle solo perché è uscito dal Tuo noviziato,
Stimando che non sia suo compito aspettare, ma conquistare e possedere tutto quello che può, come se qualcosa non appartenesse a Te e come se uno potesse essere altrove che là dove Tu sei.
Ma, Signore, non è facile sfuggirti, e se non Ti raggiungerà attraverso quanto è chiaro, che vada a Te per quel che è oscuro, se non camminerà sulla via diretta, che venga per quella indiretta; se non Ti troverà attraverso quello che è semplice, che Ti trovi in quel che è molteplice, laborioso e frammisto,
E se desidera il male, che sia un male tale che non sia compatibile che con il bene,
E se desidera il disordine, che sia un disordine tale da implicare il crollo e la rovina delle mura che intorno a lui gli sbarrano la via della salvezza, intendo dire: a lui e alla moltitudine che con lui è oscuramente implicata.
Egli è di quelli che non possono salvarsi senza tutta la massa che prende forma dietro di lui.
Gli hai insegnato il desiderio, ma ancora non sa cosa significhi essere desiderato.
Insegnagli che Tu non sei il solo a poter essere assente!
Legalo a quell’altro essere, senza di lui, così bello, che lo chiama attraverso la distanza!
Fai di lui un uomo ferito per aver almeno una volta in questa vita visto l’immagine di un angelo!
Riempi questi amanti di un tale desiderio da esigere nella aleatorietà del quotidiano, che esclude la loro presenza, 
Il reintegro originario della loro essenza secondo quanto Dio li ha concepiti in origine, un rapporto inestinguibile
E quello che cercherà di dire miserabilmente sulla terra, io sarò pronto a tradurlo in Cielo.